Notre ami Pierre URRUTY ayant reçu l'invitation suivante :
a transmis au Commandant de l'Esterel ce petit envoi ...
Et voici la teneur de ses "chauds" souvenirs :

Cher Ami,

Je ne sais si ces 3 anecdotes vont intéresser, mais comme cela s'est passé il y a juste 30 ans, j'ai pensé que cela rappellerait quelques souvenirs à certains.
Pour ce qui me concerne je peux témoigner de 7 années pleines de 1968 à 1975, et c'est avec une certaine nostalgie que j'ai soulevé un coin de voile.
Je crois que ça s'est passé en juin/juillet 1974 alors que j'entamais ma 7ème année sur DC8 55. Ce que je vais essayer de restituer après 3 décennies, je pense pouvoir le faire avec un maximum de rigueur intellectuelle car fort heureusement certains pourront en témoigner. J'espère qu'ils se souviendront de ces 3 incidents qui je le répète, ont eu lieu en l'espace de 2 mois. Je précise que deux d'entre eux m'ont d’ailleurs valu un "AIRMISS", dont un a été annulé après enquête.
 
Le premier incident s'est passé à LAX lors du classique A/R Papeete de 13 jours. Le 1er jour, après un vol CDG-DORVAL-LAX sans histoire, on se présente à l'atterrissage piste 25G (la plus au Sud), la piste 25 D située à 200m étant réservée aux décollages.
Etant en place gauche, après un atterrissage normal avec dégagement sur bretelle rapide, nous recevons l’autorisation de traverser la piste D. Par acquit de conscience, sans stopper, je demande au pilote place droite "rien à droite ?" et après son accord nous traversons. A ce moment-là un bruit infernal éclate au-dessus de nos têtes, le temps de réaliser qu'un avion venait de passer au-dessus de nous.
A quelle hauteur est-il passé ? Je ne l'ai pas su, mais ce dont j'étais sûr avant l'arrivée au parking, c'était qu'un "AIRMISS" avait été déposé par un 727 "United" qui avait certainement eu plus peur que nous.
3 jours après, avant le décollage sur TAHITI, nous étions blanchis. Erreur de contrôle ! ! !
 
Le deuxième incident a eu lieu 1 mois plus tard sur la même piste, en provenance de PARIS via MONTREAL, dans des conditions MTO que je n'avais jamais vues à LAX.
Le "SANTA ANNA  WIND" n'est guère fréquent : c'est un vent du désert assez fort, avec des rafales dont nous étions avertis depuis le décollage et qui se matérialise par un vent travers droit de 30 à 40 KTS avec rafales (limitations du DC8 55 - 34KT si ma mémoire est bonne).
J'avoue humblement n'avoir éprouvé aucun doute quant à la prise de risque éventuelle. Ce qui aurait dû nous mettre la puce à l'oreille, c'était un silence radio inhabituel dont nous avons eu l’explication par la suite : dans les heures qui ont précédé, il y a eu quelques éclatements de pneus et quelques dégagements ! ! !
Etant en place D j'ai donc participé à la manœuvre qui s'est passée normalement avec une VI légèrement supérieure incluant les rafales), décrabage et aile dans le vent jusqu'au "poser" du train avant qui a amplifié un braquage trop brutal du manche dans le vent.
Après contrôle de l'appareil, la tour nous informe que nous avions du toucher du réacteur extérieur, en conséquence de quoi nous sommes escortés par 2 camions de pompiers dès le dégagement de la piste. A l'arrivée au parking, nous nous sommes évidemment empressés d'aller voir les dégâts. Nous avons eu la surprise de constater que le méplat à la base du réacteur était de 2Ocm de long sur 4cm. Après un temps d'escale normale, la ligne a pu se poursuivre.
Le bruit a couru que le frottement avait fait quelques étincelles et soulevé beaucoup de poussières. Les contrôleurs devaient suivre tous les mouvements peut-être d'un peu plus près que d'habitude. J'avoue avoir été impressionné par la rapidité d'intervention des pompiers.
 
Le troisième incident s'est déroulé le mois suivant, à quelques nautiques des côtes d'IRLANDE, après un " 13 jours A/R TAHITI" et donc en fin d'étape DORVAL-ROISSY CDG.
En cette période de l'année les nuits sont très courtes. Aux environs du 55 N et comme nous approchions du 15 W, il y avait déjà quelques temps que le jour s'était levé. A MONTREAL, la Météo ne nous avait pas signalé qu'un Jet O-E au départ s'orientait N-S entre le 20 W et le 15 W (je me souviens que le point d'entrée était ILE OF MAN, et que la sortie du trafic E-O se faisait une centaine de nautiques au S. Et comble de malchance le doppler était HS.
Après 2 ou 3 visées astro, nous étions sur route mais visiblement la correction de la dérive D était insuffisante lorsque le Jet est passé N-S.
Le premier contact radio nous signalant que nous étions 60 NM au S de notre route, nous a quelque peu couverts de honte, mais c'était trop tard...,..A l'atterrissage, on nous signalait l’AIRMISS.
Le lundi, 48 heures après, le compte-rendu parvenait an COTAM, qui me faisait savoir qu'on entendait trop parler de moi !!! Il était temps que je parte en permission ! Je souhaite que le récit de ces petites mésaventures vous ait intéressé. J'espère très sincèrement assister à la manifestation que vous avez l’ intention de faire pour la fin de ce merveilleux avion.

Dans cette attente, recevez mon amical souvenir.