UN DUO DE CHARME
Une véritable compagnie aérienne : l’escadron de transport 3/60 « Estérel » emploie des «stewards» et des «hôtesses de l’air » qui assurent la sécurité et le service à bord. Leur dénomination : agents sécurité cabine (ASC). Air Actualités vous brosse le portrait croisé de deux ASC en vol. Bienvenue à bord.
La scène se situe dans l’Airbus A310 Delta-Charlie de l’escadron de transport 3/60 «Estérel», quelque part entre Paris et Pristina (Serbie-Monténégro). « Pour le personnel de cabine, à vos portes et issues, vous passez les toboggans sur armés, contrôlez vos vis-à-vis et rendez compte », ordonne le chef de cabine principal (CCP). Sous l’œil vigilant du CCP, les deux agents sécurité cabine (ASC) responsables du galley (1) avant s’exécutent. « Armé à droite, vérifié à gauche », lance le caporal Nadine Laou-Huen.
« Armé à gauche, vérifié à droite », renchérit la 1re classe Valérie Barrau. Chacune de son côté fait les mêmes gestes, répète les mêmes mots. Une litanie qui permet de se rappeler les procédures de sécurité à bord. Dans ce domaine, chaque détail compte. Les ASC de l’unité sont formés dans cet état d’esprit et appliquent avec attention les consignes reçues.
«Nous ne dérangeons pas les pilotes lorsqu’ils sont dans les phases critiques de décollage ou d’atterrissage, expliquent-elles de concert.
La sécurité des vols est au coeur de nos préoccupations.»
Cela fait maintenant deux ans que ce duo de charme œuvre pour le confort et la sécurité des passagers. Avant de rejoindre l’« Estérel », Nadine avait déjà un pied dans l’armée de l’air. Elle était affectée sur la base aérienne 701 de Salon-de-Provence en qualité d’agent bureautique. C’est par voie interne qu’elle a intégré le corps du personnel navigant. «J’ai répondu à une prospection, se souvient-t-elle. Il m’a fallu attendre deux longues années avant de devenir ASC : l’aboutissement d’un rêve.» Valérie, en revanche, a effectué un recrutement externe. Un bac littéraire et un bac technique hôtelier en poche, elle s’est rendue au bureau air information de Rodez. « Avant de m’engager dans l’armée de l’air, indique-t-elle, je travaillais à l’étranger dans la gastronomie. Mon goût pour les voyages et les langues m’a orientée vers la spécialité aide sécurité cabine.»
Malgré des modes de recrutement différents, elles ont subi les mêmes tests de sélection. La succession d’épreuves éliminatoires est très éprouvante. Au fur et à mesure, le nombre de candidats diminue.
«Après chaque phase, indique le caporal Laou-Huen, un officier supérieur énumérait les candidats invités à poursuivre l’aventure…» Un moment d’intense émotion, où le soulagement d’être toujours en course se mêle à la crainte d’échouer si près du but. Après les tests linguistiques (anglais) et psychotechniques, les entretiens en groupe et individuels, arrive la dernière étape : l’ultime entretien. Les candidats ne connaissent pas l’identité du recruteur.
Ceux qui ont la chance de réussir découvrent avec surprise qu’il s’agissait de leur nouveau chef : le commandant de l’«Estérel». Les heureux élus ne sont pas au bout de leurs efforts. Après un stage de formation militaire de six semaines sur la base aérienne 722 de Saintes, ils commencent leur formation au sein de l’«Estérel».
Elle dure sept semaines et comprend des cours de sécurité à bord, de commissariat, d’hôtellerie, de médecine aéronautique…
«Une convoyeuse nous a donné des cours sur les maladies tropicales, les problèmes liés à la pressurisation et la réaction de l’organisme face au manque d’oxygène», se rappelle la 1re classe Barrau.
Aujourd’hui, les deux « hôtesses » bénéficient d’une solide expérience. Nadine totalise près de 850 heures de vol et Valérie 750. La sécurité à bord est leur mission principale, surtout en cas d’incident.
Intervenir, rassurer, voire sauver : tels sont les maîtres mots des agents sécurité cabine.
Elles ont acquis de nombreux réflexes au fil des missions. Avant le vol, l’une a préparé des étiquettes pour identifier le plateau de chaque membre d’équipage, tandis que l’autre a pris de l’avance dans la préparation des plateaux-repas. Elles allient la grâce de leur moindre geste à un souci constant de sécurité. Ainsi, un passager prenant une boisson chaude ne risque pas de se brûler car, méthodiquement, elles plient une serviette autour du gobelet.
«J’aime beaucoup tout ce qui touche le monde de l’esthétisme, avoue Nadine, un éclair dans ses yeux noisette. La mode, c’est ma passion ! » L’uniforme impeccable, le sourire accueillant et la démarche mesurée, elle vit son métier avec beaucoup de cœur. Valérie est attirée par la sécurité sauvetage.
«Un jour, témoin d’un accident sur l’autoroute, s’enflamme la jeune hôtesse, je suis intervenue avec un ami pompier volontaire. Depuis, j’ai suivi une formation d’un an et demi. Et me voilà sapeur-pompier volontaire titulaire !» Une passion qui brûle au fond de son regard vert foncé. Son assurance et sa vigilance, elle les met au service des passagers de l’Airbus A310 de l’« Estérel ».
Une véritable histoire d’amitié s’est tissée entre ces jeunes femmes. Ensemble, elles effectuent leur jogging autour de la base et se maintiennent en forme dans la salle de musculation.
Il leur est déjà arrivé de se retrouver sur le même vol, mais ce n’est pas systématique.
Certains navigants de l’unité n’ont jamais eu la chance de se croiser. « Les aléas de la compagnie ! » S’exclament les deux ASC en riant.
 
Intervenir, rassurer, voire sauver : tels sont les maîtres mots des agents sécurité cabine
 
(1) Galley : Officine où les aides sécurité cabine préparent les prestations pour les passagers. Sur l’A310, ils sont situés à l’avant, au centre et à l’arrière. 
Air Actualités nº 577 décembre 2004 - janvier 2005
Le caporal Nadine Laou-Huen et l’aviateur de première classe Valérie Barrau assurent la fonction d’agent sécurité cabine à l’avant de l’appareil.