Une unité qui déménage !

Le 11 juillet dernier a eu lieu la cérémonie d'arrivée du 3/60 «Esterel», qui sera rebaptisé ERVTS (02.031 Esterel sur la base aérienne d'Istres.

Déjà intégré dans les Forces aériennes stratégiques depuis septembre 2021, l'escadron de transport stratégique a poursuivi ses missions tout en préparant ses cartons.

Depuis 55 ans désormais, l'escadron de transport (ET) 3/60 «Esterel» opère aux quatre coins du monde. Présent lors d'ouvertures de théâtres d'opérations pour transporter les militaires, lorsdemissions humanitaires ou de voyages officiels (présidentiels ou ministériels),!'«Esterel» n'a de cesse d'être conforme à sa devise: Audere circa mundi (Oser autour du monde). Créée le 3 mai 1968, l'unité est d'abord implantée sur la base aérienne (BA) 107 de Vélizy-Villacoublay. Les aéronefs utilisés par !'ET 3/60 décollent alors depuis l'aéro­ port du Bourget. Un premier déménagement alieu en 1994 sur la BA 110 de Creil. Cette fois, les avions s'envolent depuis l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle. Comme le dit l'expression:« Jamais deux sans trois», l'«Esterel» a désormais posé ses valises sur la base aérienne 125 d'Istres. Ce déménagement s'inscrit dans l'op­ timisation et la modernisation des moyens de l'armée de !'Air et de l'Espace, avec la perspective de la conversion des trois A330- 200, surnommés les avions blancs, opérés par l'«Esterel», en A330 MRTT Phénix.

L'arrivée de l'escadron de transport 3/60 n'est pas qu'un«simple» déménagement géographique. Ce sont plus de 130 Aviateurs qui vont s'ajouter aux effectifs de la base aérienne d'Istres. L'objectif est de mutualiser les compétences et les missions de l'«Esterel» avec celles de !'Escadron de ravitaillement en vol et de transport stratégiques (ERVTS) 1/31 «Bretagne». Géographiquement, les deux escadrons se retrouvent donc dans un même bâtiment  pour travailer de concert et partager les mêmes missions. Si, jusqu'à présent, l'ET 3/60 effectuait des missions stratégiques, humanitaires, sani­ taires et d'accompagnement des voyages officiels, progressivement, ses équipages se forment à des missions de ravitaillement en vol, de dissuasion et de convoyage au sein des Forces aériennes stratégiques. Le «Bretagne», quant àlui, se penche également sur les missions pre­ mières del'«Esterel», donnant lieuà la création de deux escadrons miroirs. Pour arriver à ce résultat, le personnel des deux escadrons a entamé son acculturation à ses nouvelles missions au travers d'échanges et de formations depuis déjà un certain temps. Le ca­pitaine Antoine était jusqu'à cet été adjoint du chef des pilotes de l'«Esterel». Il est désormais chef des pilotes du «Bretagne». En anticipation du déménagement de l'escadron, il s'est en partie oc­ cupé de la planification des formations des pilotes en s'adaptant à leur planning opérationnel.

 «Pour la plupart, nous partons de zéro concernant les procédures de ravitaillement en vol. Nous avons différents passages de qua­ lifications à réaliser. D'abord une partie théorique avec des entraînements sur simulateur avant d'entamer les premiers vols en réel. Lorsque nous réaliserons nos premières missions de ravitaillement en vol, nous serons aux côtés d'un pilote expérimenté dans le domaine, et aurons la place de l'élève avant d'être lâchés totalement sur ce type de mission», explique le capitaine Antoine. Le personnel de cabine a également bénéficié d'une formation d'adaptation à sa nouvelle machine. C'est le cas du sergent-chef Lorrine. Ancienne militaire du rang, elle a gravi les échelons, puis passé la passerelle tardive. Elle est désormais chef de cabine et fait partie du personnel équipage qui descend à Istres. Comme les autres personnels de cabine, elle a pu bénéficier d'une formation autour de l'avion, de nouveaux apprentissages viendront par la suite.

«Afin d'appréhenderla transition, j'ai pu faire un vol à Istres dans un A330 MRTT Phénix. Nous avons pu le visiter, apprendre son fonctionnement et avons été évalués sur nos connaissances. Nous savons que certaines procédures seront différentes, mais le métier de base reste le même», évoque-t-elle.

Au fil des mois, les évolutions vont se poursuivre. En effet, un nouveau terminal pas­ sagérs sera livré début 2024 pour optimiser les opérations d'escale pour les aéronefs des deux escadrons «jumeaux». Cela permettra d'assurer toutes les procédures d'enregistrement et de sécurité, ainsi que le chargement du fret, des bagages et l'accès aux presta­ tions servies à bord des avions. Plus de 100000 passagers et 9000 tonnes de fret devraient transiter chaque année par cette escale, faisant de la base aérienne 125 le «hub des armées».

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Cette escale opérationnelle aidera au renforcement des capacités de projection de force et de puissance des armées depuis la métropole. Pour planifier les missions, les deux escadrons pourront compter sur un logiciel dénommé« flight pro». Cet outil aide à la planification des vols et à la répartition des équipages. Les chefs des différentes spé­ cialités travailleront ensemble afin d'armer chaque vol.

Si l'arrivée de!'Escadron de ravitaillement en vol et de transport stratégiques (ERVTS) 2/31 «Esterel» a été marquée par une cérémonie le 11 juillet dernier, les deux escadrons n'ont pas attendu cette date pour mettre à profit leur coopération. En effet, en février dernier, un séisme frappait le sud-ouest de la Turquie. Les trois A330-200 opérés par l'«Esterel» étaient déjà déployés. Sur la base aérienne d'Istres, un A330 MRTT était disponible, mais les ressources en équipages étaient insuffisantes. Une équipe de!'Escadron de ravitaillement en vol et de transport stratégiques 1/31 «Bretagne» a alors amené un MRTT à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle. La mission de transport de personnel de la sécurité civile a pu ainsi avoir lieu, menée par un équipage de l'«Esterel». 

«Le travail de formation et les échanges entre les équipages depuis deux ans ont porté leur fruit. Nous avons pu ainsi démontrer la bonne coopération entre nos deux escadrons lors de cette urgence opérationnelle», note le lieutenant-colonel Guillaume, ancien commandant de!'ET 3/60 «Esterel» sur la base aérienne de Creil. À l'inverse, quelques mois plus tard,en mai 2023,l'ERVTS 1/31 «Bretagne» a conduit une relève de militaires dans le Pacifique avec un A330-200 employé au quotidien par !'«Esterel». Pendant quelques mois, les Aviateurs de cesdeux escadrons vont apprendre à travailler ensemble chaque jour. Durant cette phase de transition, tous vont augmenter leurs compétences et in fine mener à bien leurs missions en équipages mixtes.■

Air Actualités n° 762 août septembre 2023