A partir du mercredi 13 janvier 2010, un pont aérien a relié la République d’Haïti, touchée par un séisme d’une rare violence, aux Antilles françaises. Bien que réactifs, les aviateurs, acteurs de cette intervention, se sont heurté à la réalité du terrain.
Le pont aérien français reliant Haïti, et plus particulièrement Port-au-Prince, sa capitale, a été mis en place grâce aux trois avions de transport Casa et un Airbus de l’escadron
« Estérel » en mission aux Antilles au moment du séisme. Ils ont effectué des allers-retours entre Haïti et la Martinique à raison de trois rotations journalières pour amener le premier échelon de secours (gendarmes, sécurité civile, Samu, pompiers, etc.) et du fret (eau potable, groupes électrogènes, produits médicaux, rations de combat, etc.), puis rapatrier les premiers ressortissants français. Nécessité faisant loi, ils ont décollé sans avoir de certitude sur l’état des structures aéroportuaires ni leur accessibilité. Sans savoir non plus qu’un seul contrôleur aérien haïtien opérait sur une fréquence unique, la tour de contrôle ayant été endommagée et la plupart des fréquences rendues inutilisables.
La saturation de l’espace aérien pose forcément la question de la sécurité. Le capitaine Barbara Brunet, commandant de bord de l’Airbus A310, détourné de sa mission de relève de militaires postés en Martinique pour se mettre à disposition des FAA, y a été confrontée. «Au moment où nous étions prêts à nous poser, témoigne-t-elle, nous nous sommes rendu compte que nous nous trouvions juste au-dessus d’un gros porteur américain. Nous avons donc dû faire un 360° pour nous en éloigner. Dans ce genre de situations d’urgence, il faut redoubler de vigilance».

 

L’Airbus A310 de la base de Défense de Creil, venu de métropole pour assurer le retour de militaires en Martinique, est détourné de sa mission initiale. Il est mis d’urgence à disposition du pont aérien. Parmi les passagers débarquant à Port-au-Prince, les forces de la sécurité civile et les gendarmes qui attendent leur matériel de recherche et de déblaiement.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le soulagement pour ceux qui embarquent dans l’A340 à destination de la France.

 

 

 

 

 

 

 

 

L’équipage de l’A310, dont la mission n’est pas opérationnelle, n’est pas plus préparé à ce type d’interventions. Malgré tout, les jeunes hôtesses et stewards se sont adaptés. Il leur a fallu improviser un système d’évacuation sanitaire en attachant des matelas coquilles sur les rangées de sièges pour accueillir les blessés. Le caporal-chef Sonia Rojo a beaucoup appris. «Cela fait huit ans que je suis dans l’armée de l’air et c’est la première fois que je vis ce type d’expériences, explique-t-elle. En dépit de l’horreur, je sais que je suis capable d’endurer physiquement et moralement ».

 

Propos et images repris d'Air actualités n° 628 février 2010