MISSION PIRATAIR
par
Barbara Brunet
Le scénario
est le suivant : l’airbus a décollé de Bamako pour Paris-CDG avec
100 passagers. Lors du vol, une passagère a essayé de faire exploser
des explosifs qu’elle a ingérés. Bien que maîtrisée par passagers et
équipage, l’avion doit se dérouter vers un terrain où des équipes de
la gendarmerie l’attendent. On suspecte à bord la présence d’autres
terroristes.
Une
centaine d’élèves gendarmes et leur encadrement jouent les
passagers. Le but de l’exercice « PIRATAIR » est bien entendu de
tester les moyens au sol mais le CDAOA en profite également pour
nous intercepter et fait décoller la
PO
(patrouille opérationnelle). Le Mirage-2000, RUPIN W, nous
accompagne jusqu’à l’atterrissage.
Une fois
posés, le contrôleur de Chalons nous fait dégager en bout de
piste et nous demande de stationner sur le taxiway. Ainsi nous
ne gênons pas le fonctionnement du terrain qui reste ouvert
pendant l’exercice mais cela permet aussi de ne pas endommager
les installations si … une bombe explose… Nous coupons les
moteurs et passons sur une fréquence exercice, début du jeu !
« Exercice,
exercice, exercice. Une passagère portant des explosifs a tenté
de faire exploser l’avion. Les passagers l’ont maîtrisée et
attachée sur son siège ».
Rapidement,
l’avion est entouré par des gendarmes en armes. Un dialogue
s’instaure entre le gendarme qui dirige les hommes au sol et le
cockpit. Les premières questions arrivent :
« Quel est
le nom de la terroriste, son âge, sa nationalité, son état, ses
revendications ? »
Nous
comprenons que les gendarmes prennent toutes les précautions
pour préparer l’accueil des passagers et ne ferons débarquer
ceux-ci que lorsqu’ils seront prêts.
Pendant ce
temps, le CCP va collecter les informations demandées. C’est lui
qui a le rôle le plus compliqué : il doit gérer ses PNC, une
centaine de passagers de moins en moins disciplinés (tous
veulent descendre de l’appareil pour ne pas « sauter »), et
faire les allers-retours pour répondre aux questions que les
gendarmes nous posent. Pour ne rien arranger dans notre
communication, nous nous sommes enfermés au poste de pilotage
après qu’un passager (un peu trop curieux ou un terroriste) ai
tenté de rentrer dans le poste de pilotage. Et comme les
gendarmes ne cessent de nous demander des informations
complémentaires, nous imaginons notre pauvre CCP qui court dans
l’avion…
En plus de
nos deux « terroristes » attachés, nous avons maintenant une
femme enceinte évanouie et une autre personne qui aura besoin de
sa dialyse dans quelques heures.
Nous
sentons les gendarmes de plus en plus suspicieux… mais quand
vont-ils faire descendre nos passagers ? Nous sommes posés
depuis plus de 2 heures lorsque les démineurs montent enfin à
bord : huit hommes équipés de gilets pare-balles qui se tiennent
groupés en se tenant par l’épaule. Pendant qu’ils se dirigent
vers les terroristes pour neutraliser définitivement les
détonateurs, des pompiers évacuent la femme enceinte sur une
civière. Il ne s’agit là que du début du débarquement des
passagers. Nous permettons au commandant des gendarmes de
s’adresser
directement
aux passagers pour leur expliquer la situation et pour les
calmer un peu : ils ne pourrons descendre que par petits
groupes, seront fouillés au pied de l’avion avant d’être
accompagnés à l’aérogare. Un chien détecteur d’explosifs passera
au milieu de leurs bagages. Pour notre part, nous ne pourrons
partir qu’après le passage des démineurs.
3 heures 30
après l’atterrissage, nous repartons pour CDG et nous confions
l’avion à deux autres
pilotes. La cabine reste à bord pour poursuivre avec une autre
mission : Brest Hyères, leur journée était loin d’être finie !!!
Un vol A310 est
programmé le 09 février 2007 à destination de Chalons-Vatry. But de
la mission : tester l’accueil d’un avion de ligne détourné sur le
territoire national.