Discours du Général René PERRET

Président de l’Association Nationale du Transport aérien militaire

en hommage au Lieutenant-colonel Jean-Tony GUIGONIS

Au nom de toute la communauté du Transport aérien militaire, c’est avec beaucoup d’émotion que je tiens à dire à la famille et aux proches du Lieutenant-colonel GUIGONIS, combien nous partageons leur peine.

Au-delà de sa famille, c’est aussi à la grande famille des aviateurs que mes propos s’adressent ce matin, à cette famille que je vois ici, dignement représentée, à la mesure de la stature professionnelle et de la personnalité humaine de celui qui nous réunit aujourd’hui.

Il faisait partie de cette famille du Transport aérien militaire et de ses associations, une famille élargie à plusieurs associations civiles, une famille réunie pour dire un dernier adieu à celui que nous appelions affectueusement « Tony ».

Je le connaissais personnellement depuis de nombreuses années et c’est avec beaucoup d’émotion que je voudrais en quelques mots retracer son parcours, un parcours de 34 ans dans l’Armée de l’air et de 16 ans dans le civil.

Unanimement apprécié pour sa compétence professionnelle, son dévouement et son grand cœur, toute sa vie aura été au service de son pays, et au service des autres.

Né le 14 février 1940 à Brazzaville au Congo, très tôt Tony a su ce que signifiait s’engager pour son pays.

En effet, son père, Gaston GUIGONIS, ingénieur des Eaux et Forêts, mobilisé en septembre 1939, avait été nommé quelques jours après la naissance de Tony, commandant du détachement d’aviation du Gabon-Moyen Congo.

Répondant tout de suite à l’appel du Général de Gaulle, il participe activement au ralliement de l’Afrique équatoriale française. Il combat ensuite en Libye avec le Groupe de bombardement Lorraine et remplit plusieurs missions de bombardement sur les colonnes allemandes. Au cours d’une mission, son avion est abattu, il saute en parachute et reste caché plusieurs jours dans lignes ennemies.

Le Commandant GUIGONIS commande ensuite l’escadrille du Levant à Damas, l’Ecole d’aspirants de Rayack au Liban et le Groupe 1/17 Picardie, avant de revenir aux Eaux et Forêts à la fin de la guerre. Il fait partie des Compagnons de la Libération.

Il n’est donc pas étonnant de voir Tony s’engager dans l’Armée de l’air, alors qu’il avait tout juste 20 ans, avec une idée fixe : devenir pilote.

Il rejoint alors la Base Ecole de Marrakech pour débuter sa formation de pilote sur T6, avion dont il conservera toujours une certaine nostalgie. Il poursuit ensuite sa formation à la Base Ecole de Cognac où il est nommé au grade de Sergent.

Orienté vers les hélicoptères, il est affecté à la Base Ecole de Chambéry et à 22 ans, il obtient son brevet de pilote d’hélicoptère.

Affecté à l’Escadron d’hélicoptères Lourds 2/23 à Saint-Dizier en qualité de copilote en escadrille, il rejoint quelques jours plus tard, le détachement permanent d’hélicoptères 3/67 à Villacoublay.

Promu au grade de Sergent-chef, il est admis à l’Ecole militaire de l’air de Salon de Provence en 1967.

Un an après, il est promu Sous-lieutenant dans le corps des officiers de l’air et rejoint le Groupement Ecole d’Avord où il est breveté pilote d’avion en 1969.

C’est alors le début d’une carrière de pilote avion particulièrement riche et diversifiée.

Après un passage à l’Escadron de transport 1/64 « Béarn » à Evreux où il obtient ses qualifications professionnelles, il est affecté en 1972 au Groupe de liaisons aériennes ministérielles à Villacoublay, en qualité de commandant d’avion sur Mystère 20. A ce titre, il participe pendant 5 ans au transport des membres du gouvernement, et cette affectation au GLAM va constituer une période marquante de sa vie.

Puis en 1977, après une transformation sur DC8 au sein de la compagnie UTA, il est muté à l’Escadron de transport 3/60 « Esterel ».

Commandant de bord, il participe à toutes les missions de l’unité :

opérations extérieures, transports sensibles au profit du Centre d’expérimentations nucléaires du Pacifique, voyages officiels du Président de la République.

Il passe d’ailleurs les 100 000 ème heures de vol de l’Esterel aux commandes d’un DC8 entre Roissy et Djibouti.

Promu au grade de Commandant, il assure pendant deux ans les fonctions délicates de chef des opérations de cet escadron, notamment à l’occasion de la mise en service des nouveaux DC8 remotorisés. Cette période de l’Esterel constitue également une étape importante de sa vie.

Après un passage au centre opérationnel du Transport aérien militaire où Tony est promu Lieutenant-colonel, il est affecté comme Commandant en second de la Base aérienne de Faa en Polynésie, où il reste 2 ans.

Et en 1994, lorsque la limite d’âge vient mettre fin à sa carrière après 34 années de service, il ne peut être question pour lui de rester inactif.

Soucieux de continuer à servir, Tony reprend une activité dans une Société aéronautique, et s’investit dans plusieurs associations, notamment dans l’Association des anciens de l’Esterel, et l’Association Nationale du Transport Aérien Militaire.

Egalement très actif au sein de sa ville, il assume de nombreuses responsabilités associatives notamment auprès des jeunes, comme Président de Saint-Michel Sports ou encore comme animateur du conseil municipal des jeunes, sans oublier l’organisation du Téléthon.

Dans toutes ces associations, par sa gentillesse, par sa disponibilité, il avait su gagner la sympathie, l’estime et le respect de tous.

Tous les membres de ces associations savent qu’il faut bien du dévouement pour exercer les responsabilités, et qu’il n’avait ni honneur, ni profit à en attendre.

Aussi, est-il de mon devoir de dire que l’action de Tony a été exemplaire.

Il a toujours considéré qu’il avait eu de la chance d’avoir pu réaliser son rêve d’être pilote, et d’avoir pu appartenir à des unités aux missions particulièrement délicates et exigeantes.

Il a volé sur hélicoptères, le H34, et sur différents types d’avion du T6 à la Caravelle, en passant par le Nord 2501, le Mystère 20 et le DC8, totalisant plus  de 7 500 heures de vol.

Plusieurs d’entre-nous ici présents, ont eu la chance de faire équipage avec Tony, qui était toujours volontaire pour partir en mission.

Et les Croix de Chevalier l’Ordre national du Mérite et de Chevalier de la Légion d’Honneur qui lui ont été décernées, témoignent de la qualité et de l’exemplarité de son engagement.

Tony était un homme de bien qui montrait de belles qualités humaines et chacun conservera le souvenir de sa compétence, de son dévouement et de sa disponibilité à toujours rendre service.

Il me revient maintenant de me faire l’interprète de tous ceux qui ont fait un bout de chemin avec lui, que ce soit à l’Esterel, au GLAM, au Béarn, dans les hélicoptères ou encore dans la vie associative militaire et civile, et notamment à l’ANTAM, pour vous dire, chère Danielle, ainsi qu’à vos enfants, Eric, Alexandra et Fabrice, à vos petits-enfants, et à toute votre famille, que nous vous entourons de toute notre affection.

Vous pouvez être fiers de lui.

Tony , tu es dans nos mémoires :

- un homme qui a servi notre pays avec dévouement et compétence,

- un homme volontaire et courageux,

- un homme aux grandes qualités humaines dont la gentillesse et la générosité venaient du cœur.

Tony , tu es notre ami, un ami fidèle et sincère.

Merci pour cette amitié rare que tu nous as donnée.

Nous serons toujours fidèles à ton souvenir.

 

Saint-Michel sur Orge.

Le 29 juillet 2010